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Apr 18, 2024

Nick Hornby : Interview du mois, août 2023

1er août 2023 • Partager —

Vous pourrez bientôt suivre un parcours londonien de trois sculptures publiques majeures réalisées par Nick Hornby. Comme il l'explique, « ils ont l'apparence de la tradition mais sont en fait loin d'être traditionnels : ils dénouent les tropes du monument, mais d'une manière accessible et, je l'espère, pas trop didactique. Je veux que le spectateur soit en conversation avec ces formes, qu'il se sente au courant de la question. Cela semblait être le bon moment pour parler à Hornby dans son studio londonien.

Vous aurez bientôt trois sculptures publiques permanentes à Londres ainsi qu'une à Harlow. Comment est-ce arrivé?

Dans les années 2010, j'ai été sélectionné pour plusieurs commandes, mais j'ai perdu face à des artistes plus établis. En 2019, j'ai remporté ma première commande publique. Mon pitch un peu culotté était de dire : vous venez d'avoir des propositions typiques des principales options d'une sculpture publique – un homme sur une chaise et une tache brillante. Le premier, un mémorial, est peut-être accessible au public, mais il est profondément problématique, car il se heurte à des questions cruciales sur qui est représenté et par qui. La seconde, une abstraction, évite ces pièges, mais au prix d'être « juste un autre de ces » types de sculpture abstraite non spécifique. J'ai donc suggéré de présenter ce dilemme comme une question – en prenant le « David » de Michel-Ange, l'apothéose de la perfectibilité humaine, et en le croisant avec une ligne abstraite de Kandinsky, l'un des premiers artistes à exposer la « théorie » derrière l'abstraction. Cette intersection est devenue « Twofold », à Harlow, dans l'Essex. La réalisation de cette sculpture a fait une énorme différence : une fois que j’ai montré qu’on pouvait me faire confiance pour réaliser une sculpture publique massive et structurellement complexe, j’ai rapidement été présélectionné pour trois autres commandes – et je les ai toutes remportées.

On peut déjà voir « Le pouvoir sur les autres est une faiblesse déguisée en force » en face de la station de métro St James's Park et « Ici et là » à proximité de l'Albert Memorial. « Do It All » sera dévoilé dans les jardins de Kensington le 27 septembre. À quoi s’adressent-ils ?

Le premier critique le trope de la statue équestre, le second traite de la figure monumentale du paysage urbain et le troisième combine la silhouette du Mémorial Albert avec le profil de Néfertiti, peut-être la femme la plus puissante de l'histoire ancienne. Collectivement, ils posent la question : que signifie un monument au XXIe siècle ? Chaque sculpture pose cette question à partir d'un site très particulier et incarne mon intérêt constant pour la forme, la matière et l'objet.

Comment émergent-ils de vos préoccupations sculpturales de longue date ?

À partir de 2010, j’ai imaginé un système d’intersection de composants issus de multiples trajectoires. La méthode crée de nouvelles formes synthétiques, mais depuis certains points de vue, vous pouvez toujours voir les éléments originaux. Il y a une étrangeté dans ce rapport entre le nouvel objet et les citations.

Comment fonctionne la formule « Le pouvoir sur les autres est une faiblesse déguisée en force » ?

L'œuvre d'art répond à son environnement : Westminster, siège national du pouvoir, où les sculptures d'hommes à cheval sont nombreuses. Mais si ces statues célèbrent le pouvoir, cette sculpture le conteste à travers deux citations visuelles. Le premier fait référence à une statue située à l’extérieur du palais de Westminster. Sur ce site se trouve une représentation festive de Richard Ier du XIXe siècle, dévoilée à une époque d'industrialisation et d'impérialisme. La seconde est une référence au roman expérimental « Tristram Shandy » de Laurence Sterne. Dans le livre, une ligne enroulée interrompt soudainement le texte imprimé. Il décrit un geste conversationnel, où l'orateur agite son bâton en l'air pour décrire l'expérience de la liberté. La ligne échappe aux limites des mots et incarne la liberté qu’elle décrit. La présence de cette ligne dans cette sculpture nous invite à réfléchir sur la narration, l'histoire et les fictions qui soutiennent les figures que nous transformons en statues. Si cette sculpture reprend l'image de Richard Ier, c'est pour suggérer la fragilité du pouvoir et de ses monuments. Après tout, il n’est visible que sous certains angles. Chez d’autres, l’image s’effondre : la figure du pouvoir est renversée dans sa propre statue.

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